ESPRIT CRITIQUE ET POST-VÉRITÉ
Visioconférence EEE, 8 février 2018, 10h – 12h
http://melies.ac-versailles.fr/projet-europe/visio/
Conférence proposée par :
Thomas ARCISZEWSKI, Ingénieur d’étude, Centre PSYCLE, AMU,
et Denis CAROTI, Formateur et référent académique pour le dispositif esprit critique et sciences
Projet P.É.N.I.A. – Philosophie, Éducation, Numérique, Inter - Académies. Cycle organisé par
Jérôme JARDRY, IPR-IA de philosophie, Académie Aix-Marseille,
et Pierre LEVEAU, Prof. de philosophie, Lycée Philippe de Girard, Avignon
ARGUMENT
À l'heure où une grande partie de l'information circule en continue via des supports numériques, la question du tri de l'information se pose pour tout un chacun. Afin de distinguer les
contenus scientifiques des contenus pseudoscientifiques, évaluer les thérapies efficaces, déceler les mensonges à but commercial ou politique, ou prévenir les tentatives de manipulations,
posséder un esprit critique affûté permet de se positionner et d'agir. Il donne les moyens de se défendre intellectuellement face aux idées reçues, aux préjugés, aux arguments fallacieux. Mais
qu'est-ce que cet esprit critique ? En quoi la philosophie et les sciences permettent-elles de développer une hygiène préventive du jugement, alors que l'on oppose bien souvent sciences humaines
et sciences naturelles ? Peut-on enseigner cette pensée critique, réflexive et autonome ? Ces questions prennent leur sens non seulement dans le milieu éducatif, mais également dans la vie de
tout citoyen qui, soumis à des flots incessants d’informations, devrait être en mesure de faire ses choix en connaissance de cause. Mais avoir l’esprit critique peut s’avérer inconfortable, voir
couteux. Deux éléments se dégagent en effet des recherches sur la cognition sociale motivée : l’un porte sur nos capacités à traiter l’information, l’autre sur nos motivations à le faire. On sait
qu’il ne suffit pas de dire à quelqu’un qu’il se trompe pour qu’il se mette à chercher la véracité. L’être humain a été qualifié d’avare cognitif parce qu’il préfère se laisser aller à ses biais
de raisonnement naturels, largement plus simples et directement satisfaisants. En théorie, nous pouvons traiter l’information de deux façons : soit lente, mais précise (systématique), soit
rapide, mais en simplifiant le réel (heuristiques). Si nous n’y sommes pas contraints, nous préférons cependant la voie la plus simple et nous choisirons les informations qui ne contredisent pas
celles que nous avons déjà. Nous devons donc analyser notre façon de recevoir et de traiter ces informations pour éviter les pièges que nous tend notre monde à débit immédiat. Quelles émotions
éveillent-elles en nous et comment le cerveau les traite-t-il ? Comment se convaincre de la pertinence du doute au lieu de se laisser guider par ses émotions ou son environnement social ? Comment
tirent les informations sans céder au relativisme, selon lequel toutes se valent, sans hiérarchie, ordre ni profondeur ?
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